Un drone pour son mariage ! Cela parait être une bonne idée : avoir des images originales (fixes ou film), des angles de vue différents pour compléter le reportage. De plus, cela permet d’apporter une animation pendant le vin d’honneur, et de bluffer les invités par le coté high tech/branché ! Je vais toutefois nuancer mon propos dans les lignes à venir !
De la démocratisation du drone
Des marques comme DJI ou PARROT on très clairement démocratisé les drones et fait basculer leur emploi dans l’usage courant ! Pour quelques centaines d’euros, le commun des mortels peut désormais piloter ces bijoux de technologie. Pour en piloter moi-même fréquemment au titre du loisir, je dois avouer que ces appareils sont stupéfiants: d’une facilité déconcertante du fait de leur stabilité rendue possible par les assistances électroniques et de positionnement, le pilotage de ces UAV (Unmanned Aerial Vehicle, ou aéronef sans pilote à bord) est presque enfantin…
D’autre part, les équipements de prise de vue intégrés sont de haut vol (sans mauvais jeu de mot), et permettent de délivrer des images à couper le souffle tant les résolutions et dynamiques proposées sont élevées. Ajoutez-y le fait que les angles sont moins habituels qu’avec un appareil photo ou une camera, et vous avez un cocktail gagnant pour séduire les futurs mariés !
Des drones partout et pour tous ?
Pourtant les drones ont encore mauvaise presse, car beaucoup de particuliers les utilisent à mauvaise escient, mettant en péril la vie privée de tiers, voire leur sécurité ! Très récemment encore, des milliers de personnes sont restées clouées au sol à Londres car 2 drones ont survolé les abords de l’Aéroport Gatewick.
Se pose alors la question : peut-on faire tout et n’importe quoi avec un drone ?
En France, l’avènement de ses outils a été plus rapide que le réglementation les encadrant : il en a résulté un flou artistique autour de leur usage. Aujourd’hui, la législateur ayant fait son travail, l’emploi de ces appareils est désormais mieux encadré.
Différents types d’UAV
Il faut noter que les UAV comprennent différents types d’appareils (selon leur poids, leur mode de propulsion, les moyens pour les contrôler, etc…). Pour simplifier, disons que le terme de drones est un générique qui permet au grand public de désigner une certaine catégorie d’UAV, le plus souvent des quadrimoteurs télécommandés, dont le poids est <25kg.
Rappelons que Les aéronefs circulant sans personne à bord et utilisés à des fins de loisir sont appelés « aéromodèles ». Traditionnellement utilisé pour désigner les machines utilisées dans les clubs d’aéromodélisme, ce terme s’applique désormais aussi, au sens de la règlementation, aux drones de loisir achetés dans les rayons jouets ou high-tech.
Différents usages du drone
Disons les choses simplement, 3 utilisations sont à distinguer : le drone de loisir, les activités particulières et l’expérimentation.
Si vous avez acheté un petit drone à votre neveu dans un magasin de jouets, son usage entre dans la catégorie des loisirs. Si le neveu en question est un adulte (responsable !) qui utilise ce drone pour réaliser des prises de vues pour son propre usage, il en est de même. S’il vous propose à titre gracieux de réaliser des images pour votre mariage, et à condition qu’il respecte la réglementation en vigueur pour la zone concernée, il n’y a pas de contre indication ! Si les images réalisées lors de ce vol sont diffusées sur la toile, les choses peuvent changer, surtout si le neveu les utilise pour sa promotion ! En effet, les usages de loisir autorisés peuvent inclure la prise de photos ou de vidéos, mais uniquement à condition que ces prises de vue soient réalisées dans un cadre personnel et récréatif et non pas avec l’objectif d’en tirer un bénéfice financier, ou
de les utiliser dans un contexte professionnel ou utilitaire (et même si aucune rémunération n’est perçue).
Les activités particulières propres aux drones
Par opposition à l’aéromodélisme et au drone de loisir, nous trouvons les activités particulières et les expérimentations. Dès lors qu’il y’a transaction commerciale, et dès lors que la prestation est réalisée par une personne qui oeuvre dans un contexte professionnel (même si prestation réalisée à titre gracieux), nous entrons dans la catégorie des activités particulières, ce qui change grandement la done car :
- l’entreprise qui emploi le télépilote, (nommée « exploitant ») doit documenter son activité et la façon dont elle satisfait à ses obligations règlementaires dans un manuel d’activités particulières (MAP)
- Les télépilotes doivent détenir un certificat d’aptitude théorique de télépilote et une attestation de suivi de formation pratique
- Le vol concerné pour votre mariage, doit être déclaré auprès de la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile), et répondre à l’un des scénarii réglementaires (S1, S2, S3, S4)
- Le drone utilisé doit être déclaré et homologué pour le scenario dans lequel s’inscrit le vol opéré pour le reportage de votre mariage
- Etc…
Dans ce contexte, vous aurez compris que la prestation vendue 150€ n’est tout simplement pas envisageable (ce montant couvre à peine le temps consacré à la paperasse préalable au vol). Si elle vous est proposée, il y’a fort à parier que le prestataire est un amateur non déclaré !
Quels sont les risques d’utiliser un drone privé pour mon mariage ?
Revenons au neveu (pourri gâté !) qui possède un super DJI Mavic Air, qui donc pèse moins de 800gr, et qui veut juste faire plaisir à sa tata chérie en lui offrant des images de la belle cérémonie laïque en extérieur et du super flash mob’ surprise organisé en son honneur pendant le cocktail. L’idée est séduisante, les souvenirs ont toutes les chances d’être géniaux ! Il convient toutefois de se poser les questions suivantes :
- Suis-je dans un endroit privé ou public ?
Si la cérémonie se déroule dans un lieu public en agglomération, la réglementation est claire : survol interdit, y compris dans le cadre du loisir ! Si l’endroit est privé, il faudra obtenir l’accord du propriétaire - En zone privée et avec l’accord du propriétaire, je fais ce que je veux alors ?
Et bien non ! De nombreuses portions de l’espace aérien sont réglementées et on n’évolue pas dans celui-ci sans un minimum de précautions ! Il est impératif de consulter la carte « restrictions pour drones de loisir » afin de valider les hauteurs maximales d’évolution ! Il convient également de rappeler que les parcs nationaux et espaces naturels protégés sont interdits de survol, de même que les hôpitaux et prisons, et certains sites industriels ! En outre, méfiance à proximité des aéroports et aérodromes. De même, les sites d’accident, incendie et sinistre sont interdits de survol ! - J’ai vérifié tout ce qui précède, on peut donc y aller sans soucis ?
Pas tout à fait ! Rappelons les restrictions horaires : un aéronef télépiloté ne doit en aucun cas être utilisé la nuit, même si équipé de dispositifs d’éclairage ! mais surtout : il est absolument interdit de survoler des personnes avec un drone. La superbe photo de vos invités regroupés en forme de coeur parait une bonne idée… mais attention de ne jamais survoler quiconque ! Un point encore plus difficile à satisfaire pendant un cocktail ou des invités fourmillent un peu partout ! On comprend aisément qu’un tel appareil (même s’il fait <800gr) peut s’avérer dangereux s’il fait une chute de 50m de hauteur sur un convive par exemple ! Et que dire des hélices de ces bijoux ! Bien affutées, elles tournent à toute allure (jusqu’à 10000tours/minute) et qui peuvent provoquer de graves lésions !
En cas de non respect des règles désormais très encadrées quant à l’usage des drones, les peines encourues sont des très fortes amendes et un risque d’emprisonnement… à réfléchir !
Mais alors, on ne peut pas faire voler un drone pour un mariage ?
En préambule, j’annonçais que mon propos serait nuancé ! 2 cas de figures sont à distinguer :
vous ou un de vos proches souhaitez réaliser des images aériennes par drone. Si toutes les règles sont respectées (formation du télépilote, drone déclaré voire immatriculé, vol en zone privée avec autorisation du propriétaire ou en dehors d’une agglomération, respect des espaces aériens et des « no-fly zones », vol de jour et sans survol de personnes, maintien en vue directe à tout moment de l’UAV, images non destinées à une publication sur internet, respect des règles élémentaires de sécurité …) alors vous pouvez voler ! Dans le cas contraire, ou si vous avez un doute, mieux vaut faire appel à un professionnel
vous faites appel à un professionnel pour la prise de vue : bonne idée ! mais faites attention aux prestations bon marché ! Compte tenu de l’ensemble des règles à respecter, un tel vol ne doit jamais être « bâclé » et ne peut donc pas être « bradé ». 1h de vol au cumulé (ce qui est très long !), avec restitution des rushs ou raw pour 200€ ? passez votre chemin !
Mais au fait, pourquoi faire voler un drone lors d’un mariage ?
C’est peut être la véritable question que vous devez vous poser !
- Si c’est pour amuser la galerie… mieux vaut éviter, car c’est l’accident assuré. Les invités vont vouloir essayer, généralement ce qui est le plus à proscrire : voler le plus près possible des invités, monter le plus haut possible (dans tous les cas, 150m de hauteur reste la maximum autorisé), etc. Votre neveu n’est pas habitué à avoir du public, il va sans doute vouloir impressionné les invités et faire tout et surtout n’importe quoi. Face à ce public, il peut aussi perdre ses moyens et provoquer un accident… bref, toutes les raisons sont bonnes pour éviter. Noter par ailleurs qu’un drone est un objet bruyant : filmer l’arrivée à la cérémonie, la remontée de l’allée peut paraitre sympathique, mais le bruit généré par l’engin risque d’être plus pénalisant qu’autre chose ! Sans compter qu’il va distraire !
- Pour avoir des images de vos invités ? Aucun intérêt : la plupart des drones grand public utilisent des objectifs grand angle : passer quelques mètres de distance, vous ne reconnaitrez même pas les sujets photographiés ! (et je rappelle qu’un survol ou un vol à faible distance de personnes, et à plus forte raison d’une foule, est totalement interdit)
- Le seul usage cohérent et intéressant que je vois du drone dans le contexte qui nous concerne est la réalisation de plans d’ensemble, à insérer dans un reportage complet ou dans un film de votre journée. Dans ce cas, oui, l’effet peut être saisissant. D’ailleurs, nous voyons quotidiennement des images prises par drones, insérées dans des montages vidéos : émissions, journal TV… mais force est de constater qu’elles sont souvent en introduction ou en transition dans un montage bien construit, et rarement le fond même du reportage ! Quelques plans larges du domaine viticole, du château qui vous accueille, ou du parc dans lequel vous vous unissez peuvent apporter un réel plus à votre reportage. Mais il ne s’agit là que d’une toile de fond, votre mariage restant le sujet principal ! Les images des lieux ne doivent pas faire basculer votre film ou reportage dans le registre de sa propre promotion, sans quoi vous feriez un joli hors sujet !
Si ces images sont réalisées par un invité (en respectant les règles rappelées précédemment), cela peut être intéressant. En revanche, faire appel à un professionnel pour seulement quelques plans est discutable : le prix au regard du bénéfice apporté au reportage est important, et faire appel à un tiers non déclaré est, cela va sans dire, strictement interdit et dangereux !
Vous savez désormais tout ce que vous devez impérativement connaitre sur le sujet avant de vous lancer dans l’aventure ! Dernières recommandations : tenez vous au courant des évolutions de la réglementation, car celle-ci reste balbutiante en France… et enfin, renseignez vous sur les réglementations en vigueur si vous vous unissez à l’étranger, car les règles énoncées précédemment s’appliquent uniquement au territoire français ! Il serait dommage de finir au poste pour le plus beau jour de votre vie !